La modification des rythmes scolaires proposée par le ministre de l'Éducation nationale rencontre une opposition croissante de la part des communes, des enseignants, des parents d'élèves et des enfants eux-mêmes.
Pour ceux qui l'ignoreraient encore, cette réforme obligera la totalité des 36.000 communes de France à appliquer une semaine de 4 jours et demi aux écoliers, c'est-à-dire qu'ils auront également école le mercredi matin. Ce qui va bouleverser bien des choses à partir de la rentrée de septembre 2014:
– Fatigue supplémentaire pour les enfants qui devront se lever parfois très très tôt un jour de plus. Les parents des communes qui testent en 2012/2013 la déjà tristement célèbre formule de 5 jours se plaignent de cette fatigue latente.
– Problème pour les activités périscolaires organisées ce jour-là depuis 2008.
– Problème pour la garde des enfants qui vont sortir de classe, quatre jours par semaine, trois quarts d'heure plus tôt.
Ce dernier point pose d'énormes difficultés aux communes qui vont devoir recruter en masse des intervenants qualifiés qui n'existent pas encore pour occuper les enfants durant ces trois quarts d'heure. Dans les communes qui testent cette réforme, les parents doivent payer un supplément pour ce service, quand il est effectué!
– Problème de nettoyage des salles de classe, effectué le mercredi jusqu'alors.
– Problème de papy-trafic qu'il faudra rémuner un jour de plus.
Pour Tourrette-Levens, nous avons interrogé le responsable des centres aérés pour les petits et pour les grands, Hervé Vora. Ce dernier, d'une compétence rare, passionné par son travail, sans cesse à la recherche de nouvelles idées, adulé par les enfants, montre clairement ses craintes et celles de la municipalité:
"Il faudrait au moins vingt personnes de plus pour gérer les 400 écoliers tourrettans durant les trois quarts d'heure en question! Et où placer les enfants? Imaginez qu'il pleuve, qu'il fasse froid, que pouvons-nous faire? La salle des fêtes n'est pas adaptée et le plus souvent occupée. Et quel programme peut-on mettre en place en trois quarts d'heure, c'est-à-dire en fait à peine une demi-heure avec le temps de transfert?"
À préciser que le centre aéré tourrettan est considéré par tous comme un modèle. Il est d'ailleurs proche de la saturation, tant le succès est là. La convivialité, la joie d'être ensemble, pourraient être menacées s'il y avait encore plus de participants.
"Et si ce problème de place était résolu –on se demande comment– qui va payer les frais énormes que cela va entraîner? Les enfants, selon les revenus des parents, paient entre 5 et 10 euros par jour pour le centre aéré. Ce qui n'est déjà qu'une petite part du coût réel du centre. Et je ne parle pas des sorties! Il faudrait lever de nouveaux impôts?"

Tout ceci explique les protestations, les grèves, les manifestations en tout genre qui se développent au niveau national. Les sondages indiquement que 78% des Français sont contre l'application de cette réforme en septembre 2014 (dont 22% qui souhaitent un nouveau report).

Valéry d'AMBOISE