Il vous regardait toujours d'un oeil vif, pétillant d'intelligence et de bonhomie. Impossible pour lui de traverser la rue d'une seule traite: il y avait toujours quelqu'un pour venir échanger quelques mots d'amitié avec cet homme débonnaire, placide, et pourtant débordant de chaleur humaine. Tout le monde, toutes communautés religieuses ou autres confondues, l'appréciait, l'aimait. Il avait même été élu, tout dernièrement, président du club de l'amitié, mais s'était désisté en faveur de son ami Jean-Claude de Geest.
Son père, Charles Bréma, avait créé l'entreprise de transport avec un seul car. Lui, puissamment aidé par son épouse Yvonne, une fille d'Utelle, femme d'exception, puis par ses deux fils Louis et Patrice, avait vingt employés. Tout le ramassage scolaire, les bus pour Nice: c'est la responsabilité de l'entreprise Bréma, deuxième employeur de la commune.
Antoine était connu aussi pour avoir fondé, avec Thérésius Spinelli et soutenu le club bouliste dont il était un des piliers majeurs.
Le docteur Frère, qui a été son médecin durant trente deux années, a retracé avec beaucoup de chaleur et d'émotion cette remarquable carrière. Lucien Campoverde a, lui aussi, rendu hommage à son ami, membre du "Souvenir français" qu'il préside. Pour la cérémonie funèbre, il y avait là toute la commune rassemblée, ou presque, une église bondée et même au-delà, les deux soeurs d'Antoine, Josette Mège, la boulangère, Madeleine Roblet, tous les maires du canton, toutes les communautés religieuses, tous les transporteurs de la Côte d'Azur pour une ultime messe du père Khadi assisté de Jean-Marie Panizzi. La famille Ailhaud et Sylvère Bourges ont chanté pour lui rendre un dernier hommage.
Si vous entendez, dans le ciel, un bruit inhabituel, c'est lui, au volant de l'autocar des anges, des anges à qui il va apprendre à jouer aux boules. Alors, faites-lui un petit signe de la main: il est toujours là pour ses amis. A jamais...
Valéry d'AMBOISE