Le Général Joseph Tordo


A l'entrée du cimetière de Tourrette un grand mausolée attire l'attention. Il porte l'inscription:

Général Joseph Tordo
Né à Tourrette-Levens, le 6 novembre 1774
Apôtre des idées de la Révolution
Général de «l'Armata Infernale» à 25 ans
GENES - LA TREBIE TYROL- WAGRAM-BARCELONE -  NAPLES - MALTE - EGYPTE - BRUXELLES - ALGERIE
Pionnier de la liberté des peuples
Mort en exil à Alger le 10 octobre 1846

tordo

Joseph Marie Ludovic Tordo est né le 6 novembre 1774 à  Tourrette-Levens, de Charles Tordo notaire de Tourrette et de Marie Dalbera de Châteauneuf de Contes. Il fait ses études à Tourrette puis à Nice mais ne peut les continuer car nous sommes en 1792, il a 18 ans et les troupes françaises envahissent le Comté.
Il s'engage au service du roi Victor-Amédée III dans les chasseurs de Nice, les fameux «cacciatore» qui deviendront les barbets. Il est nommé sergent en 1793, se distingue lors de la bataille de Gilette, en s'emparant d'un drapeau français.
Il est nommé sous-lieutenant le 23 janvier 1794, puis lieutenant le 18 juin 1794. Il est nommé lieutenant de la 3e compagnie des chasseurs de l'élite niçoise le 2 août 1795, blessé de nouveau le 21 avril 1796 à l'épaule gauche à San Michèle de Mondovï.

Mais l'armée sarde est vaincue, l'armistice de Cherasco du 28 avril 1796 et le traité de Paris du 15 mai mettent fin à la guerre. Le Comté de Nice est cédé à la France. Joseph Tordo est nommé le 19 mai 1796 lieutenant-capitaine de cette même compagnie. Il est capitaine et il n'a pas 22 ans.

Il préfère démissionner de l'armée sarde en novembre 1796. De retour au pays il embrasse la cause de la révolution et apporte à la défense de ses nouvelles idées autant d'ardeur qu'il avait mise à les combattre.
Avec l'aide de son ami Rusca, il organise une milice de 600 hommes pour pourchasser ceux de ses anciens amis qui avaient refusé l'armistice et continué le combat pour le roi de Sardaigne. Vainqueur de plusieurs combats entre Nice, Gênes et Turin, il est bientôt à la tête d'une armée de 7 000 hommes et la renommée le créa «Général de l'armée infernale».

Le comité patriotique de Nice devant ces excès lui ordonne d'arrêter la guerre. Le gouvernement piémontais le traque et a mis sa tête à prix (mille francs de récompense pour son exécution). Mais il ne sert plus la nouvelle politique de Bonaparte. Il est à présent recherché par la police française.

Il se cache à Nice. Sur le point d'être arrêté, il s'enfuit à Gênes puis gagne Milan, la république Cisalpine vient d'y être proclamée .
Le général Brune reçoit Joseph Tordo dans les armées de la nouvelle république avec le grade de capitaine le 29 août 1798.

 
Il est aide de camp du général Calori, combat contre les Austro-Russes, blessé au bras gauche lors de la défaite de Trebie, il est fait prisonnier interné à Gratz avec les officiers de l'état-major puis libéré.
Joseph Tordo est nommé commandant de la place forte de Ravenne.
Le 6 janvier 1804, il est capitaine du Vice-Président de la République Cisalpine à Monte Chiari, il reçoit le commandement des «cacciatori d'Istria» et combat en Carinthie en 1809 avec le général Rusca.
Il se fait remarquer par son intrépidité, Mais il est fait prisonnier par les résistants tyroliens et est relâché.


A son retour, il doit porter des messages à l'Empereur et le rencontre à Sclûibrunn. Il assiste à la fameuse journée de Wagram. De retour en Lombardie il est décore de la Légion d'Honneur le 22 août 1809 comme capitaine dans le bataillon Italien Royal d'Istrie.
En 1810, il combat en Espagne avec le 1er régiment léger italien (les bersaglieri).
Il combat avec les Dalmates à SalÛ et repousse les Autrichiens sur le lac de Garde. En 1814, H est avec Murat à Naples.
Murat le nomme colonel du 6e régiment de ligne établit à Pescara et le décore de l'ordre royal des Deux-Siciles.
Pendant les 100 jours il est toujours aux côtés de Murat, roi de Naples, qui essaie de reconquérir son royaume.
Le 2 mai 1815, à la bataille de Céprano, Joseph Tordo est promu «maggior générale» par Murat sur le champ de bataille105. Mais Murat, pris à Pizzo en Calabre, sera fusillé le 13 octobre 1815 sur ordre de Ferdinand roi des Deux-Siciles.
En 1830, il est en Egypte et se lie d'amitié avec Soliman Bey. II est nommé grand Maître de la garde du vice-roi, mais l'annonce de la Révolution de juillet, le décide à revenir en France.
Le 6 janvier 1831, il présente sa démission.
Revenu en France, le 4 février 1836, il part avec sa femme pour l'Afrique participer à la construction du port d'Alger comme interprète juré d'italien et inspecteur des travaux hydrauliques.
Et cet homme d'action de nombreuses fois blessé sur le champ de bataille, meurt en fonctionnaire dans son lit le 3 octobre 1846.