Modestes réflexions sur le monde moderne.
Ma grand-mère paternelle était italienne. Vers 28 ans, elle est venue en France pour chercher du travail comme femme de ménage, car "la fabrique" où elle travaillait à Garessio (Piémont) avait fermé. Il n'y avait pas d'indemnités chômage à l'époque. Elle était veuve avec deux enfants en bas âge qu'elle avait laissés en garde à sa mère. Elle a ensuite épousé Thérésius Tordo, mon grand-père, que je n'ai jamais connu. Elle a appris la langue française et était fière de se faire naturaliser. Elle m'a enseigné à éviter tout gaspillage, à être économe et à réutiliser la "matière première secondaire" qu'on appelle aujourd'hui "rebut".
Sa conception de la vie était celle de tous les anciens, nos parents, qui étaient des inventeurs, des créateurs, une génération qui savait économiser. Nés pauvres, privés de tout ou presque, ils savaient pourtant savourer le bonheur, respecter le travail et les autres, ils connaissent la valeur de l'argent.
Tout cela, ils nous l'ont appris, comme la politesse, le civisme, en un mot le savoir-vivre dans tous les sens du terme, qui est une forme du bien-vivre.
Dans ma génération, née autour de la guerre de 1939/1940, nous sommes des utilisateurs, avec, toujours, le sens de l'économie qui évite tout gaspillage. On essuie l’assiette, on use jusqu’au bout, puis on raccommode, on répare, on ne change que lorsque la réparation est devenue impossible. On ne suit pas toujours la mode, car la mode, vite, elle se démode.
Une partie de la nouvelle génération est plus consommatrice, elle gaspille, veut jouir de tout, change de produit en faveur du dernier cri; elle renie ses amis, son conjoint, pour en prendre d'autres, et n'est jamais satisfaite de rien. Ces jeunes-là sont nés avec la télé, le PC, l’iPhone, l’IPAD, le crédit... et la carte bleue. Par exemple, on achète des aliments, on utilise la première moitié, on met le reste au congélateur avant un dernier séjour au réfrigérateur. Puis, comme la date limite de consommation se trouve dépassée, on jette le tout, de peur de s’empoisonner…
Après la conquête du monde, l'homme est à la conquête de l'univers; on va dans les étoiles, c'est très bien, le progrès bravo! mais il ne faut pas perdre la valeur des choses. Peut-être faudrait-il apprendre à revenir au bon sens terrien, déconnecter le temps de l’argent, et trouver le bonheur dans les choses simples de vie courante et de la nature. Mettre infiniment de GBS* dans notre propre vie, rester toujours dans la « Voie du Bien », et s'éloigner du mal, quoi qu'il nous arrive.
*GBS : grand bon sens
Louis Tordo,
membre confondateur de l'académie Marémontane