La Lettre de la Marémontane

Le Marémontan Philippe Pionetti nous envoie une intéressante étude consacrée aux reproches faits injustement à la Marseillaise. La voici.

La Marseillaise : à propos du sang impur.

À tous ceux qui ne nous ont jamais appris notre hymne national, car aveuglés par une propagande où seule l’internationale avait voix au chapitre, furent amenés à une interprétation erronée de la Marseillaise.

« Un sang impur ? Ô, mon Dieu, mon Dieu, quelle horreur ! Notre hymne national est donc bêtement raciste? La France, cette terre d’accueil historique, est donc en réalité le vivier d’une xénophobie écœurante? Quelle horreur! C’est décidé, je pars m’installer en Belgique! »

Voilà, en substance, l’analyse à laquelle certains se livrent de façon, osons le mot, assez simpliste et primaire… car ce raisonnement est totalement anachronique et surtout faux ! Donc avant de dire
« Beurk, c'est quoi ça, c'est raciste, c'est méchant… blablabla… », il faut savoir ce qu’est le sang impur ainsi que les sillons.

Explications : Il y a deux possibilités qui, nous le verrons, se rejoignent sur les champs de bataille :

La première est en rapport avec le sang bleu, le sang noble.
Le « sang impur », sous la plume de Rouget de Lisle, pourrait ne pas représenter l’étranger, mais celui du peuple français. Le sang impur serait alors celui du vilain, celui du monde paysan, par opposition à celui de la noblesse au sang pur, au sang bleu.
À l'époque, ce qu'on appelait le sang pur, c'était le sang des nobles qui, seuls, pouvaient prétendre au Pouvoir et à des fonctions d'officiers dans l'armée. Lors de la Révolution, et notamment lors de l’attaque des Autrichiens, la plupart des nobles ont fait défection, une partie s’est enfuie, ils ne restaient donc que des "Sangs impurs" (Républicains), par opposition au "Sang pur" (royaliste).
Au cri de la "Patrie est en danger", ce sont les gens du peuple qui prirent les armes pour combattre l'ennemi envahisseur et menaçant. Le peuple prenait son destin et sa liberté en main en étant prêt à verser son sang.
Et les sillons ? Ce sont les tranchées creusées un peu partout dans la campagne lors des sanglantes batailles.
"Qu'un sang impur abreuve nos sillons" signifierait donc, dans ce contexte, que c'est notre "Sang impur" à NOUS, le peuple, qui nourrira nos terres. En bref cela voudrait dire :
« À partir d’aujourd’hui, ce sont les citoyens qui défendront leur pays et leur liberté au prix de leur sang ! »

Deuxième version : le sang impur est celui de l’ennemi.
L’histoire qui se cache derrière la rédaction de la Marseillaise semble en témoigner : à l’origine, la Marseillaise a été écrite comme chant de guerre pour les armées partant en guerre contre l’Autriche (et s’appelait d’ailleurs Chant de guerre pour l’armée du Rhin).
Donc, dans cette interprétation, le sang impur cité dans le texte représenterait le sang de l’ennemi, en l’occurrence celui de l’Autrichien.
En bref dans cette version cela voudrait dire :
Tout ennemi qui nous agresse le paiera de sa vie et son sang remplira nos tranchées

La réalité historique est un mélange des deux versions, car malheureusement l’histoire a montré que les tranchées en 14-18 furent remplies du sang ennemi, mais aussi du sang des nôtres dans un violent et terrible massacre qui dura 4 années, décimant la jeunesse de France et d’Allemagne. Mais, n’en déplaise à certains phobiques de l’hymne national, il n’y a aucune notion de race dans la Marseillaise ! Ceux qui y voient un racisme nauséabond connaissent bien mal le contexte de l’époque…
On peut reprocher beaucoup de choses à la Marseillaise, notamment son esprit guerrier(bien que, entre nous, défendre les siens est le premier devoir de tout chef de famille, « quelle que soit son espèce (et non sa race)», donc tout chef qu’il soit animal ou humain, doit avoir l’esprit guerrier, ou alors, il est bien naïf et met le groupe qu’il est censé protéger en danger de mort.)

A propos du sang impur, dommage pour les natio-phobiques, il n'y a pas la moindre trace d’une notion de race, pas de Sang impur lié à une race donnée, désolé pour les hymnophobes et les incultes. À aucun moment de son Histoire, la France n'a désigné ses adversaires en fonction d'une ségrégation raciale liée à la pureté du sang. Méfions-nous des interprétations fabriquées pour adapter l'Histoire à sa volonté !... Avant de nous faire une opinion, écoutons toujours plusieurs sons de cloche. Et pour la petite histoire, son de cloche oblige, Pleyel, l’auteur de la musique, connaissait l’œuvre de Mozart, et le début de la Marseillaise est une adaptation d’un concerto de ce musicien.
Quand on sait que Mozart était un Autrichien et que nos premiers ennemis voués à finir en bouillie sanglante au fond d’une tranchée étaient autrichiens, il faut avouer que l’Histoire s’amuse à créer des paradoxes en forme de « pied de nez ».

Dr Philippe Pionetti, membre de l'académie Marémontane

Début du 25e concerto de Mozart: seule, la dernière note change dans le début de la Marseillaise.

Rouget de l'Isle
Marseillaise
Marseillaise

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