Réflexion sur la vie héroïque du général Tordo

par Max Escalon de Fonton

Dans sa biographie du général Joseph Tordo, Paul Canestrier (Nice, 1908) écrit, à son propos « Animé par le violent désir de confier le sceptre de l’Italie à un prince magnanime, il combat loyalement tous ceux qui s’opposent à ses desseins ».

Il est tout à fait vrai que Joseph Tordo était courageux, loyal, tenace. Mais aussi fort, instruit, cultivé et bon orateur ; et philanthrope, souvent à ses dépens.

On pourrait alors se demander quelles sont les raisons qui l’ont poussé à s’allier avec les factions les plus contestables de son époque ?

Aujourd’hui, avec le recul du temps, il nous est facile de « juger l’arbre à ses fruits » : ce que la « Révolution Française », puis Napoléon, ont apporté à l’Europe, fut surtout un long cortège de crimes, de massacres, et de ruines. Mais ce qui motivait alors Joseph Tordo, était un ensemble d’idées altruistes qui se répandaient en cette fin du XVIIIème siècle. Il ne pouvait deviner, lui si franc et loyal, si profondément bon et honnête, que ces merveilleuses idées ne servaient que de prétexte à des criminels ivres de sang et de rapine. Tous ces fringants généraux de la « Révolution » et de « l’Empire » ont amassé d’immenses fortunes en pillant l’Europe, dans le sang, le feu, et la destruction.

Joseph Tordo avait l’âme trop pure pour pouvoir comprendre tant d’hypocrisie, de fourberie et de félonie, de la part de ceux en qui il avait, fort imprudemment, mis toute sa confiance.

Etait-ce de la naïveté ? Rien de tout cela semble-t-il. Il ne cherchait que l’Honneur, et non les honneurs. Etait-il versatile ? Point du tout : si ses partenaires, eux, étaient des arrivistes, ambitieux, sans scrupules, aux « idées » fluctuantes suivant leurs intérêts individuels, lui, au contraire, restait fidèle à un idéal. De son combat permanent il ne récolta aucun bien matériel, et mourut pauvre. Seul lui importait l’esprit – et c’était, en fait, l’esprit de sacrifice.

Si Joseph Tordo avait vécu au Moyen Âge, il aurait été, sans nul doute, un noble et vaillant chevalier.