Le musée de préhistoire tourrettan
part à la recherche des premiers Européens

Un envoi de la conservatrice du musée de préhistoire tourrettan,
Dr Patricia Valensi

L’histoire débute en 2008, lorsque des pierres taillées apparaissent à la suite de fortes pluies, dans une carrière de basalte, à Lézignan-la-Cèbe, près de Montpellier. Galets aménagés et éclats en silex, quartzite, ou basalte : tout rappelle ces fameux outils archaïques façonnés par les premiers Européens. S’en suivent les autorisations de fouilles et la composition d’une équipe de recherche.

Dès 2010, le musée de Préhistoire de Tourrette-Levens s’associe à l’étude du site, avec les grands organismes de recherche tels que le CNRS, l’Inrap, le Centre européen de recherches de Tautavel et le Muséum national d’Histoire naturelle.

Depuis 1985, l’exploitation de la carrière faisait sortir de terre, de nombreux ossements fossiles. Tigres à dents de sabre, mammouths méridionaux, hyènes géantes, guépards, eucladoceros (cerfs géants aux bois arborescents), rhinocéros et petits chevaux archaïques. Jusque là, une faune «banale» qui peuplait notre région méditerranéenne, il y a un million d’années voire plus.

La découverte d’outils préhistoriques associés à cette faune archaïque apporte un intérêt majeur pour la connaissance des premiers hominidés venus peupler nos régions. Il s’agit des plus anciennes occupations humaines en Europe occidentale, avec celle d’Orce et d’Atapuerca en Espagne, celle de Pirro Nord en Italie et celle du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin. Ces occupations européennes sont à rattacher à la première vague de migration hors d’Afrique des Hominidés. Ce sont les « Homo antecessor », bipèdes, végétariens et à l’occasion « charognards ». Avec leurs éclats de pierre et leurs galets aménagés, ils prélèvent un peu de viande sur les animaux abattus par les grands carnivores.

Une nouvelle campagne d’étude vient de se dérouler ces jours-ci. Aux paléontologues maintenant de faire parler ces centaines de restes d’animaux. Comment sont-ils morts ? Pourquoi les carcasses se sont-elles accumulées dans cette carrière de basalte ? Est-ce l’activité d’un fleuve, l’action de l’Homme ou celle de grands carnivores ?

Chaque os doit être observé scrupuleusement à la loupe, à la recherche de l’indice essentiel : la strie de découpe qui montrera la consommation de ces animaux par l’Homme!  Une véritable enquête de détective… Affaire à suivre…

Lézignan
Le site de Lézignan-la-Cèbe
Os fossile
Os fossile pris dans le sédiment
Patricia Valensi montrant un maxillaire d’eucladoceros
(cerf géant aux bois poussant en arborescence)
maxillaire d'eucladoceros