Philippe Bender et Elisabeth
Vidal ouvrent les nuits du château

L'ouverture officielle des "Nuits du château" s'est déroulée dans la fraîcheur du parc, dont l'espace affichait complet pour cet événement annuel que les vrais mélomanes du département ne manquent jamais.
Philippe Bender, très concentré comme à son habitude, a commencé le concert par trois chorals extraits de cantates (dont le fameux choeur "Jésus que ma joie demeure") avec les choeurs Tourrettissimo de Michèle Frère, et Andantino (dirigés par le célèbre Jean-Pierre Grégoire). Des quatre* passions écrites par Jean-Sébastien Bach, celle selon Saint Jean est la toute première. Le choeur final à quatre voix est un véritable enchantement qui n'est surpassé que par celui de la Saint Matthieu; Philippe Bender l'a conduit avec son talent habituel. Ensuite, les trois numéros du célébrissime Magnificat et la barcarolle des "Contes d'Hoffmann" d'Offenbach (en réalité, repris de son opéra méconnu "Les Fées du Rhin"), toujours avec les choeurs, ont joliment bouclé la première partie.

Après l'entracte, Elisabeth Vidal et André Cognet ont fait leur entrée, des plus convaincantes. A remarquer que la fameuse cantatrice internationale et niçoise a encore gagné dans le velouté de ses graves (c'était donc possible?! Avis subjectif?)
Quant à André Cognet, il est à présent plus proche de la basse que du baryton et toujours très en place. En un mot, un couple de chanteurs d'exception, également au niveau physique, resté parfait dans une minceur de bon aloi.
Rossini, Verdi, Mozart (duo Papageno-Papagena vraiment remarquable) ont été les premiers à l'honneur et enfin, Offenbach et ses "Contes d'Hoffmann", avec le fameux air "Scintille diamant" dans une interprétation étincelante, un air en quelque sorte apocryphe**.
Le concert s'est terminé par un sommet: l'interprétation très élaborée d'Elisabeth Vidal du fameux air de la poupée Olympia, celle dont Hoffmann est tombé amoureux, sans se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'un mannequin articulé, qui tombe d'ailleurs en panne de temps à autre et qu'il faut remonter. La seule à égaler la ravissante Elisabeth dans cet exercice est Patricia Petibon.

Dire que la soirée s'est terminée par une ovation debout de tout le public n'étonnera personne. Les Nuits du château commencent par un triomphe. Compte tenu du programme choisi par le Dr Frère et mis en oeuvre grâce aux Amis du château présidés par Francis Bailet, on peut être sûr qu'il sera renouvelé tous les soirs. Mais si le climat reste le même, pensez à prendre une petite laine, le soir, avant de monter au château.

Valéry d'AMBOISE

*Passion selon Saint Jean, suivie par celle selon Saint Matthieu (la plus aboutie); la passion selon Saint Luc a disparu totalement et seules, des reconstitutions plus ou moins probantes ont été tentées; de celle selon Saint Marc, on n'a conservé qu'un seul numéro; la reconstitution par différents musicologues est plus intéressante que la "Saint Luc".

**Cet air, rajouté au fil des multiples versions et remaniements de l'opéra par des directeurs de théâtre peu scrupuleux (parfois par Offenbach lui-même), n'a même pas été écrit par le musicien! C'est en 1970 qu'une version originale de l'opéra a été reconstituée; elle exclut évidemment cet air, qui est pourtant magnifique.

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André Cognet et Elisabeth Vidal
André Cognet et Elisabeth Vidal

 

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