Tout le monde avait eu affaire à elle, depuis vingt années (en fait, elle était entrée à la mairie en 1976!) qu'elle dirigeait les services d'urbanisme à la mairie, où chacun l'appréciait. Toute jeune retraitée, elle venait souvent rendre visite à ses amis restés au travail. On l'avait vu le huit novembre, lors de la fête organisée autour de Colette Ginouse et son brillant diplôme. Hélas, ce fut pour la dernière fois et la photo que je vous présente ci-dessous est historique.
En Europe, 80.000 non-fumeurs sont assassinés chaque année par le tabac des autres. Un combat à mener, soit. Mais il y a aussi celui à conduire contre l'alcoolisme. Cette fois encore, il a tué une innocente. Dans un état second, le mari a tiré et a retourné l'arme contre lui. Une mort particulièrement injuste. Cela restera dans les annales de la commune comme "le drame du Pueich de la Madone". On l'oubliera; on finit par tout oublier. Mais elle, personne ne l'oubliera jamais.

En présence de ses deux enfants, Christophe et Jérôme, des conseillers municipaux et adjoints Marcel Ardisson, Claudine Biblocque, Jeanine Carlès, Bertrand Gasiglia, Luc Nativel, Hubert Poisson et Georges Simon, d'un grand nombre d'employés de la mairie, ses collègues, et de Fernand Bigotti, son patron pendant vingt années, ainsi que Michèle Frère, représentant le maire (retenu à Monaco), une cérémonie religieuse catholique d'une émotion poignante a eu lieu au crématorium de Nice, devant les deux cercueils avant qu'un rideau ne vienne les voiler. Une fumée blanche s’est envolée, très haut dans le ciel d’azur. Lucette Lagana continuera désormais à étudier pour les anges des piles et des piles de plans d'urbanisme, destinés aux palais célestes, pour l'éternité.
VdA